Enfin une prise de conscience de la part des entreprises ?
De plus en plus d’entreprises considèrent maintenant le risque environnemental comme un facteur de risque commercial clé, comme on le voit avec près de 1400 entreprises qui intègrent un prix interne du carbone dans leurs plans d’affaires à l’échelle mondiale en 2017. Le chiffre pour 2014 n’était que de 150 selon les recherches du CDP, une plateforme mondiale de divulgation environnementale à but non lucratif. L’augmentation d’une année sur l’autre pour les entreprises qui affacturaient les prix internes du carbone s’élevait à 11% par rapport à 2016. Ensemble, les entreprises représentent un cinquième des 500 entreprises du Fortune Global 500, avec un chiffre d’affaires de 7 billions de dollars.
Lorsque les entreprises ont un prix interne du carbone, c’est une façon de savoir que les entreprises prennent en compte le risque environnemental dans leurs stratégies commerciales courantes. La tarification du carbone devrait jouer un rôle vital pour aider les entreprises à le faire. Le niveau des prix, bien qu’important, n’est pas le seul aspect clé. Il faut plus de transparence quant à la façon dont une entreprise utilise réellement le prix et si elle est perçue comme un élément important de la prise de décision et des prévisions commerciales.
Quel est le prix internes du carbone ?
Selon les recherches du CDP, ces entreprises utilisent généralement les prix internes du carbone pour gérer les risques, pour prendre des décisions d’affaires comme des investissements pour rendre les produits plus respectueux de l’environnement, ainsi que comme outil de transition vers un modèle d’affaires à faible émission de carbone à l’heure actuelle. Une fois qu’il y a un prix en place, la conversation autour du carbone passe au département des finances. C’est là que les entreprises commencent à voir les implications d’être une entreprise à forte empreinte carbone, des investissements stratégiques dans le développement de produits à faible émission de carbone et plus encore.
En 2017, plus de 40 gouvernements nationaux et 25 gouvernements régionaux avaient déjà fixé un prix pour le carbone couvrant environ 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le CDP a constaté que jusqu’à 800 entreprises peuvent être vulnérables aux effets de cette réglementation et qu’elles n’utilisent toujours pas de prix interne du carbone malgré l’évolution constante des politiques de tarification du carbone. De plus, seulement 15 % des entreprises qui utilisent un prix interne du carbone pour tester leurs investissements révèlent qu’elles prévoient une hausse future des prix, ce qui peut inquiéter certains investisseurs.
Les entreprises d’énergie et de services publics sont en tête de la tendance, les trois quarts d’entre elles fixant actuellement le prix du carbone à l’interne, y compris les poids lourds de l’industrie tels que National Grid, EDF, Exelon Corporation, PG&E Corporation et E.ON SE. Plus de la moitié des secteurs des matériaux et des télécommunications ont également l’intention d’utiliser un prix interne du carbone dès 2019, selon le rapport.
Les États-Unis et la Chine vont de l’avant !
Sur le plan régional, la Chine accélère les progrès en Asie-Pacifique, le nombre d’entreprises internalisant un prix du carbone ayant presque doublé, passant de 54 à 102 depuis 2015, y compris China Vanke, Shanghai Electric et China Mobile. Le projet de la Chine de mettre en place le plus grand système d’échange de droits d’émission au monde d’ici la fin de 2017 est susceptible d’avoir des répercussions sur les marchés régionaux et mondiaux, avec l’espoir que jusqu’à un quart des émissions mondiales de carbone seront bientôt couvertes par un prix du carbone.
En dépit de l’incertitude actuelle concernant la réglementation environnementale, les entreprises américaines vont à contre-courant de la tendance, 96 entreprises déclarant qu’elles utilisent maintenant un prix interne du carbone, contre 29 en 2014. Un plan supplémentaire142 visant à mettre en œuvre la tarification interne du carbone d’ici 2019. L’État de Californie a également étendu son système de quotas d’émissions (cap-and-trade) jusqu’en 2030 avec une majorité écrasante.
Un plus grand nombre de pays et de régions se joignent à l’initiative
Parmi les autres régions et pays qui enregistrent une hausse de la tarification du carbone, mentionnons le Canada, l’Amérique latine et la Corée. Au Canada, le gouvernement a mis en place des systèmes régionaux de tarification du carbone. L’Ontario, par exemple, recevra 1,5 milliard de dollars américains en investissements propres, ce qui permettra au Canada d’atteindre son objectif climatique de 2030 ; En Amérique latine, le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou se sont engagés en faveur d’une stratégie de croissance verte et d’un marché des émissions de carbone pour la région à l’avenir. Vingt-quatre pays de la région ont identifié les mesures fiscales comme un outil pour mettre en œuvre leur contribution déterminée au niveau national. La région représente environ 7 % des émissions mondiales. En Asie aussi, ce n’est tout simplement pas la Chine qui a des entreprises qui envisagent de fixer le prix du carbone. La Corée du Sud exploite déjà le premier système national d’échange de droits d’émission en Asie et a récemment publié des plans pour resserrer son système.